Catherine Griset
14 mars 2024
Le Parlement européen a adopté en début de semaine une directive sur les émissions industrielles, qui a pour principal objet de réviser les normes s’appliquant à l’élevage.
Il s’agit de l’instrument-phare de l'UE régentant les émissions de polluants dans l'industrie. Les activités couvertes, dont plus de la moitié englobe les secteurs de l'agriculture et des déchets (il y a aussi les centrales électriques, les raffineries, la production de métaux, de ciment, etc.) sont soumises à des permis particulièrement exigeants.
Le résultat du vote a été l’abaissement significatif des seuils déterminant une activité comme polluante. À partir de 21 500 poules et de 350 unités de gros bétail pour l’élevage porcin, pour ne citer que ces chiffres, une exploitation sera considérée comme agro-industrielle et donc intensive, avec son lot de contraintes normatives et financières.
C’est une grande partie des cheptels français qui sont menacés. Or, le modèle français est bien moins « intensif » que beaucoup de ses voisins, d’où une injustice flagrante.
Cela revient en somme à traiter l’agriculture comme une industrie. Au moment où nos dirigeants parlent d’autonomie stratégique, de compétitivité et de réindustrialisation, où le monde agricole est en souffrance, l’Union européenne multiplie les mesures contraignantes et décroissantes qui nuisent à notre modèle productif.
En janvier dernier, Gabriel Attal avait promis lui-même de « continuer à travailler avec le Parlement européen » sur la révision de cette directive, reconnaissant qu’elle alourdissait la charge de normes qui s’appliquent déjà aux élevages.
Encore une fois, les conséquences de ce double-discours insupportable se font sentir bien cruellement.
Directive sur les émissions industrielles - Un coup porté à l’élevage français
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