Jean-Paul Garraud
03 juin 2022
Tribune de Jean-Paul Garraud
Telle est la conclusion à tirer de la dernière session plénière du Parlement Européen à Bruxelles. Je demandais la tenue d’un débat sur la persécution des chrétiens dans le monde plus spécifiquement sur l’horrible assassinat de Déborah Samuel Yakubu. La majorité du Parlement européen a rejeté ma proposition, démontrant ainsi le peu de considération de l’Union européenne pour cette victime mais aussi pour l’ensemble des actes antichrétiens. Déborah Samuel Yakubu, jeune étudiante chrétienne du Nigéria, a été, le 12 mai dernier, lynchée puis lapidée à mort par une dizaine de ses camarades musulmans islamistes. Ses bourreaux, n’étant toujours pas rassasiés, ont ensuite battu et fouetté son cadavre pour finir par le carboniser afin de le détruire totalement. L’origine de ce supplice se trouve dans un simple message, envoyé par Déborah dans le groupe WhatsApp de sa classe, demandant à ses camarades de bien vouloir arrêter de partager des messages à caractère religieux sur cette conversation dédiée à leurs études. Ce seul message considéré comme blasphématoire a déclenché l’ire de ses camarades et signé l’arrêt de mort de la jeune fille. Au-delà de ce crime barbare et abject, c’est l’absence de considération du Parlement européen, toujours si prompt à condamner les cas de violation des Droits de l’Homme ou les crimes perpétrés contre des minorités, qui interroge. Cette absence de considération est-elle la même pour tous ? La réponse nous a été donnée le même jour, à quelques minutes d’intervalle après le rejet de ma demande, par l’acceptation, à une très large majorité, d’un débat relatif au meurtre de la journaliste palestinienne, Shireen Abu Akleh, proposé par le député européen communiste et activiste de la cause palestinienne, l’Espagnol Manu Pineda. Ce dernier déclarant, pour justifier la nécessité de ce débat, que le Parlement ne pouvait considérer qu’il y ait des morts de première classe et des morts de seconde classe. Pourtant, si ce crime est tout aussi condamnable, ce n’est pas ce qui est ressorti du vote des élus, rejetant le débat sur le supplice de la jeune chrétienne et acceptant le débat sur la mort de la journaliste palestinienne… Cette volonté de se détourner des chrétiens persécutés se confirme jour après jour avec, notamment, le refus de l'Union européenne de mettre en place un plan européen de lutte contre la christianophobie ou même de nommer un coordinateur pour combattre ce fléau. Ceci alors que le nombre d’actes antichrétiens dans l’Union européenne a augmenté de 96% entre 2019 et 2020 et que la grande communauté chrétienne est la plus persécutée au monde (OSCE). Pourtant, si l’Union européenne n’a pas de compétence directe en matière religieuse, l’article 10 de la charte des droits fondamentaux garantit la liberté de religion. A ce titre, deux coordinateurs chargés de la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie ont été nommés mais aucun contre la christianophobie. L’évolution de l’Union européenne sur le sujet n’est plus à démontrer. Nous sommes bien loin de l’esprit des fondateurs de l’Europe. Adenauer, Schuman ou Gasperi, le 25 mars 1957, après avoir signé le traité de Rome, sont allés chercher la bénédiction du Pape Pie XII. La vision de l’Europe de l’époque était animée par des convictions chrétiennes profondes dans l’objectif d’une paix durable. Le changement d’orientation de l’Union européenne sur cette question a été amorcé dans les années 2000, avec le projet de Constitution européenne qui s’est conclu par le traité de Lisbonne avec un compromis sur une formulation qui a pu contenter l’ensemble des Etats membres où les racines chrétiennes de l’Europe se sont transformées en « des héritages culturels, religieux et humanistes ». C’est ce même traité de Lisbonne qui, par son article 17, institue le dialogue entre institutions européennes et religions. Mais force est de constater, aujourd’hui, que les institutions européennes ont un dialogue et surtout une vision des religions à géométrie très variable. La dérive de l’Europe de Bruxelles est « en marche » et les compromissions s’affichent maintenant au grand jour. Si l’Europe de Bruxelles considère qu’il n’est pas nécessaire d’entreprendre quoique ce soit pour lutter contre la persécution des chrétiens, ni même d’aborder la question, elle n’a aucune gêne pour promouvoir des campagnes de communication sur le port du voile, subventionner des organes de propagande islamiste avec les fonds alloués à la recherche, financer des associations proches des frères musulmans, avec l’argent des contribuables européens au prétexte d’une Europe ouverte et inclusive… Alors quelles sont les raisons de cette omerta ? Derrière ce négationnisme de l’Union européenne, c’est la manifestation de cette idéologie mondialiste consistant à effacer toute identité en uniformisant les peuples, en gommant toutes leurs différences, qu’elles soient européennes ou extra-européennes, qui rejaillit. L’exemple de Grenoble, tristement connue par les agissements de son maire acquis à la proximité islamiste, où la moitié de la population juive a dû déménager parce que menacée, devrait servir d’avertissement. Car, évidemment, à la montée de l’antisémitisme, correspond la montée de l’islamisme. Et, à la montée de l’islamisme correspond également celle de la haine et des persécutions contre les chrétiens. Si Benyamin Nétanyahou considérait que « l’épidémie antisémite en France et en Europe met tout le monde en danger », il en est de même pour le phénomène de haine envers les chrétiens. En fermant les yeux sur la situation, en ne dénonçant pas et en ne combattant pas ces actes, l’Union européenne se rend coupable et complice. Demain, les Français, comme les Européens, seront condamnés à prendre la même décision que les Grenoblois de confession juive. Il est grand temps que l’Europe chrétienne se réveille pour le bien de tous.Persécution des chrétiens : le négationnisme des institutions européennes.
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